Installation, 180 × 80 × 60 cm — impressions 3D en plâtre, plastique, LED, bois, métal.


Sur la table lumineuse, les fragments se présentent comme des artefacts archéologiques : blocs creusés, formes creuses, volumes à demi effondrés, dont la blancheur mate suggère à la fois la fragilité et la permanence. Mais ces objets ne sont pas des vestiges antiques : ce sont les moules qui ont servi à façonner les parties en silicone d’une autre œuvre, Exo-biote. Ils apparaissent donc comme les matrices, les négatifs, les restes d’un processus technique — à la fois outils de production et rebuts devenus formes autonomes.
Ce déplacement, qui érige le moule au rang d’objet exposé, opère un basculement : ce qui relevait de l’invisible du geste technique devient ici la matière même de la monstration. Les moules se donnent à voir comme les ex-voto d’un rituel contemporain. Non pas l’offrande d’un corps à une divinité, mais celle d’un processus technique voué à une forme de mémoire. Le terme d’« ex-voto » renvoie à un acte de dépôt, de gratitude ou de vœu. Ici, il est réactivé dans un horizon séculier : l’installation expose la trace, la dépose, la survivance d’un geste créatif comme s’il s’agissait d’un culte adressé à la technique elle-même.
L’ensemble fabrique une archéologie spéculative : une collection de fragments qui semblent provenir d’une civilisation imaginaire. Le spectateur est confronté à des formes à la fois techniques et votives, outils et reliques, qui oscillent entre la mémoire du processus et l’énigme de leur signification.
Ainsi, Ex0-voto rejoue l’ambivalence de l’artefact : il est à la fois ce qui sert et ce qui reste, ce qui fabrique et ce qui témoigne. En les rassemblant, l’installation transforme les moules techniques en objets de culte silencieux.
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